Exposition

L’art à Noël

d'Lëtzebuerger Land du 11.12.2020

Hans Fellner a fait un pari pour sa galerie : exposer uniquement des artistes luxembourgeois contemporains. Encore faut-il s’entendre sur cette appellation. Car en se focalisant plutôt sur une production locale, dirions-nous, de facture moderne, l’optique est tout à fait autre. C’est en tout cas ce qui nous vaut de voir, au moment des fêtes, propices aux cadeaux, une exposition La gravure dans tous ses états, rue Wiltheim. Y sont regroupées des œuvres sur papier et sur tissu à la pointe sèche, des aquatines, xylogravures et quelques monotypes, réalisées dans les deux endroits du grand-duché où c’est possible. D’abord, l’Atelier Empreinte au Rollingergrund, espace mis à disposition en 1995 par la Ville de Luxembourg et soutenu par le Focuna, qui dispose des presses nécessaires à la pratique de la gravure. Ensuite, Semaphore art studio qui est installé depuis 2008 dans l’ancienne gare d’Oetrange, fondé par les artistes Jeannette Breming, Diane Jodes et Robert Hall.

Hans Fellner expose des œuvres de Diane Jodes et Robert Hall, qui sont également membres de l’association L’Atelier Empreinte, ainsi que de Franz Ruf, Isabelle Lutz, Anneke Walch, Sylvie Karier, Malou Faber-Hilbert, Danielle Grosbusch, Pit Wagner, Annette Walch et Désirée Wickler. Apple Dreams de Diane Jodes, une très grande xylogravure qui, par sa séduction, visible de la rue, invitera assurément le visiteur à s’aventurer plus loin. Avec ses tons bleus gris et blancs, elle suggère une ville la nuit ou une cosmogonie, on ne sait. Car la galerie ne donne pas d’explications techniques ni ne profite de l’occasion pour évoquer l’histoire de la gravure.

Au sous-sol, sur le mur du fond, quatre collages, colorés et plutôt proches de l’affiche (encore une fois, on n’en saura pas plus), également de Diane Jodes, sont amusants car fonctionnant, suppose-t-on, sur le mode du rébus (Über-leben, Klappe halten, Aggressive Mimosen, Self-Portrait with Long Legs). On sent en tout cas un vraie personnalité, tout comme est fort You are naked de Pit Wagner qui mêle xylogravure, linogravure, peinture à l’huile et broderie sur tissu. Sur des plages de couleurs dominent, tracées au trait épais, des scènes d’une vie intime et intranquille.

C’est tout le contraire des pièces de Danielle Grosbusch, Isabelle Lutz, Malou Faber-Hilbert, qui se limitent au travail classique de la gravure à la taille douce : inciser la matrice en métal, l’encrer puis la mettre sous presse. La plaque est réutilisable trois, cinq voire jusqu’à vingt fois. Il en résulte des traits, unique ou en réseau, des sortes de nœuds, des nids.... En revanche, les portraits de Robert Hall, montrent l’apparition sépia d’un visage pointilliste. La matière (ici de la terre mouillée), est appliquée sans entailler la plaque de métal en une esquisse rapide. Le résultat est l’inverse du motif sur la plaque. Unique. Dans un monotype, l’artiste prend le plus de risques.

La gravure dans tous ses états, contemporary printmaking in Luxembourg est à voir jusqu’au 9 janvier 2021 à la galerie Fellner contemporary, 2a rue Wiltheim à Luxembourg

Marianne Brausch
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