Premier concert de Pandha

De toutes les couleurs

d'Lëtzebuerger Land du 23.12.2004

Le 911 dans le Minett ne pouvant accueillir de concerts en semaine, le Pulp a de plus belle servi de terre d'accueil mardi dernier pour deux formations rock. 31knots, trio américain et nouveau protégé de Ownrecords, en était le headliner. Mais concentrons-nous plutôt sur les Luxembourgeois de Pandha, formation ayant ouvert le programme des festivités. Avec des influences comme Fugazi ou Q and not U, on pouvait s'attendre à une musique intense, saccadée et basée sur une guitare volumineuse. La première remarque qui s'impose à propos de leur prestation est le fait que Sacha Schmitz et Pierre Bianchi s'emparent à tour de rôle de batterie et guitare. Au cours du concert, les deux musiciens changent d'instrument avec une facilité déroutante. Cédric Tzaiga, quant à lui, reste fidèle à sa basse tout au long de la performance. Le trio, selon Pierre, perpétue le math-rock. Encore une de ces classifications peu sensées du rock moderne, comme «avant rock» ou encore «post everything rock». Le terme de math-rock faisant allusion à la science des nombres, semble toutefois parfaitement approprié. Pandha livre des chansons dont la complexité est impressionnante. Un ensemble d'innombrables bridges scindent un nombre pas moins important de riffs par composition. Sans partitions, les musiciens doivent alors se concentrer vigoureusement sur la progression et, de ce fait, sont sans cesse en train de décompter les mesures. D'où l'expression de math-rock. Tout au long du concert, on a donc pu observer une certaine concentration sur les visages des trois jeunes musiciens. Mais la prestation n'en était pas moins avenante. Le groupe a au con-traire livré des arrangements d'une intensité remarquable. Le groupe n'existe que depuis un an et les musiciens ont tous trois des engagements non seulement auprès d'un employeur, mais aussi dans d'autres groupes. Pierre fait par exemple partie de la formation déjà plus établie d'Eyston. Sacha de son côté, s'investit dans le collectif Schalltot. De ce fait, la musique et la prestation ne sont pas aussi étoffées qu'elles ne pourraient l'être. Ainsi, le concert était intégralement instrumental et la formation travaille encore à ce jour au perfectionnement du chant. Chose qui devrait être faite pour le prochain album qu'ils comptent enregistrer l'an prochain. Outre ce passage en studio, Pierre espère pouvoir développer la présence du groupe non seulement sur la scène luxembourgeoise, mais aussi dans les pays limitrophes. À ce sujet, le multi-instrumentaliste a deux remarques à faire. Premièrement: les groupes ne disposent pas de structure professionnelle. Un promoteur, dont la tâche consiste à trouver des engagements à l'étranger, pourrait sans aucun doute faciliter la tâche. Deuxième constat : les choses bougent. En effet, des collectifs et associations comme Schalltot ou encore Winged Skull commencent à remuer la scène luxembourgeoise et offrent de nouvelles possibilités aux formations trop souvent laissées à leur propre compte. Et c'est ainsi que le sujet incontournable de la Rockhal est abordé. Le leader de Pandha a une approche réellement positive face à cette nouvelle structure. Selon lui, générer du chiffre d'affaire grâce à des concerts de grande envergure et soutenir les formations et associations luxembourgeoi-ses ne peut être que salutaire. En outre, les locaux de répétition et le studio d'enregistrement vont combler un réel manque. La seule question qui risque de se poser est de savoir comment gérer la demande qui sera sans aucun doute très importante. En cette fin d'année, on peut constater que la scène luxembourgeoise se porte de mieux en mieux. Des formations comme Pandha, grâce à leur motivation et à leurs ambitions, constituent un apport très rafraîchissant. De plus, il y en a en pour tous les goûts : on a pu découvrir une scène électronique très ardente grâce au projet [vitrine] sonore ou encore des formations opulentes telles que Lo-fi, Raftside ou bien Spyglass. Reste à espérer un cru 2005 à la hauteur de nos (nouvelles) attentes. 

Le dernier album de 31Knots, The Curse of the Longest Day, est disponible sur Ownrecords: www.ownrecords.com.

 

Michel Welter
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