Voyages d'affaires

Nuitées business chez l’habitant

d'Lëtzebuerger Land du 01.08.2014

Le leader de la gestion des voyages d’affaires Concur vient de conclure deux partenariats qui révèlent à quel point l’univers des voyages d’affaires est appelé à se transformer en profondeur. Le premier a été passé avec la plateforme AirBnB, qui met en rapport en ligne les propriétaires de logements et des voyageurs, le second avec Uber, qui propose une mise en rapport similaire pour les voitures avec chauffeur. Concur n’est pas un intervenant marginal dans la gestion des voyages d’affaires, puisque ses solutions de réservation et de gestion des frais sont utilisées par quelques-unes des plus grandes firmes américaines : sur son site, l’entreprise fait état de 15 000 clients et 18 millions d’utilisateurs. Signe que l’entreprise n’a pas raté le coche du mobile, ses solutions sont disponibles sous forme d’apps performantes.

La profonde transformation que traverse le secteur de l’hospitalité, avec le succès planétaire de la plateforme AirBnB, qui a créé grâce aux possibilités du web une offre parallèle à celle de l’hôtellerie traditionnelle, ne concernait pas jusqu’ici les voyages d’affaires. La difficulté de se faire rembourser par son employeur une ou plusieurs nuitées réservées chez des particuliers par le biais d’AirBnB n’était sans doute pas étrangère au fait que, jusqu’ici, cette offre alternative n’avait pratiquement pas eu d’écho dans le monde des déplacements professionnels. Pourtant, les avantages de cette solution ne sont pas négligeables, en termes de coût, certes, mais aussi lorsqu’il s’agit, surtout pour les séjours de quelques jours ou quelques semaines, de fournir au professionnel en déplacement un cadre de vie moins impersonnel qu’une chambre d’hôtel anonyme. La prise en compte de la dépense se fait par le biais d’une procédure de facturation automatiquement importée dans un des logiciels de gestion des frais de Concur.

Pour les taxis, le remboursement des courses faites avec Uber était aussi un obstacle à l’adoption de la solution pour les voyages d’affaires. Là aussi, le partenariat permet à la fois de surmonter cet obstacle et de donner officiellement droit de cité à une solution alternative de transport urbain. Certes, les voyageurs avaient déjà la possibilité de réserver une ou des nuitées par le biais d’AirBnB et de se les faire rembourser, mais cela supposait une certaine dose de débrouillardise pour s’évader de l’offre préparée par les gestionnaires de voyage et réussir à se faire rembourser par la suite, avec toujours le risque d’essuyer un refus au motif que l’hébergement chez l’habitant n’est pas prévu par la politique de voyage de l’entreprise. Ce qui n’a pas empêché Concur de constater une multiplication par 27, en un an, des nuitées AirBnB remboursées par le biais de ses solutions. La progression est moins spectaculaire pour Uber, mais Concur a néanmoins recensé un quintuplement des courses Uber remboursées.

Pour Concur, il s’agit donc de rester en phase avec les habitudes en pleine mutation des professionnels utilisateurs de ses solutions. Pour ses deux partenaires, la perspective, très alléchante, est celle de parvenir à se tailler des parts de marché significatives dans le domaine convoité des déplacements et séjours professionnels, jusqu’ici chasses gardées de l’hôtellerie et des entreprises de taxis conventionnelles.

Dans tous les cas, le rôle des applications mobiles est essentiel. Après le passage au web pour la gestion des commandes et remboursements de voyages, qui passe par l’utilisation d’un navigateur pour passer commande, puis d’un scanneur et d’une imprimante pour documenter ses frais, l’évolution en cours consiste à recourir à l’appareil photo du smartphone de l’utilisateur pour numériser les notes et factures. Ce qui permet au voyageur de boucler et d’envoyer sa note de frais avant même d’être revenu à son lieu de travail. La prochaine étape devant sans doute être celle d’une dématérialisation complète, que des partenariats avec des entreprises natives du web comme AirBnB et Uber devraient logiquement accélérer.

Jean Lasar
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