CD Dirty 4 records du Bloe Baaschtert

Du fond de sa niche…

d'Lëtzebuerger Land du 29.06.2006

Activiste avec son émission Bloe Baaschtert sur Radio Ara (les lundis de 18h30 à 20 heures) depuis des lustres, Unki Unkelhäusser s'est toujours battu pour la reconnaissance des groupes luxembourgeois de tous poils. En témoignent également son implication dans le Rockbuch sorti il y a près d'un an et les compilations Bloe Baaschtert, qui sont de véritables auberges espagnoles des groupes locaux ayant traversé à un moment ou un autre le paysage rock grand-ducal. Pour sa dernière sortie, le choix de participants s'est limité à quatre groupes qui offrent chacun un morceau inédit. Quatre groupes pour cinq morceaux, les Sixpax se fendant en plus d'une intro de bon aloi. L'objet en soi révèle peu d'informations sur les motifs ou encore les formations qui participent à l'entreprise (alors que l'interactivité du support CD permettait des ajouts de données informatives). La postproduction est assez moyenne, donnant peu ou pas du tout de relief aux cinq titres proposés et procure à l'ensemble un côté cheap, très éloigné des canons esthétiques du DIY (do it yourself) garage. Si l'idée est de départ est de se la jouer cracra (Dirty 4 records oblige) et profil bas, on est en droit de se demander si ça ne dessert pas un peu l'initiative! Le CD s'ouvre avec l'intro des Sixpax incognitos, trash ouverture qui semble joué sous l'influence d'une haute dose d'éthylisme. Une minute vingt de midtempo titubant sur deux accords, ça fait sourire les premières écoutes puis, ça vire au pénible… Puis déboule le freezo zombro de John McAsskill, dont le garage rock tendu n'est jamais aussi efficace que lorsqu'il arrive à contenir sa rage jusqu'au refrain libérateur. Soutenu par une basse hypnotique et les invocations pleines de morve de la chanteuse, le morceau se voit néanmoins briser les ailes, la faute aux guitares qui se noient et qui n'arrivent pas à lâcher l'explosion promise. En live une tuerie, ici ça devient un pétard mouillé par la seule faute d'un dilettantisme en aval. Mais c'est tout de même de loin le morceau le plus intéressant du lot et malgré ces handicaps flagrants, l'intérêt parvient à être maintenu. Après un hiatus de plusieurs années, Babyoil est revenu. Quelques changements de line-up, un nouveau répertoire dont fait partie ce freakshow. Difficile de se faire une idée de la nouvelle direction qu'envisage le groupe. Espérons que les autres compositions n'évoquent pas une certaine idée du rock «alternatif» middle of the road et sans risques, qui voudrait ressembler à Placebo…   Ensuite arrive le deuxième point fort de cette compilation. Les Sixpax, groupe de reprises punk, s'essaient à la vieille scie qu'est devenue Let it be de la paire Lennon-McCartney. Introduite par une série d'arpèges qui ne laisse pas présager de la charge qui va suivre, la reprise s'avère au final assez fidèle mais dégage un esprit bon enfant et une énergie festive et insoupçonnée. LOL… L'honneur de clôturer revient à God Money. Leur rock industriel illustré par Telepathy?? se vautre complètement, et l'esprit dégagé qui se voudrait abrasif devient par l'entremise de cette fichue postproduction, juste grandguignolesque. Au final, on tient entre les mains une compilation entre chien et loup qu'on aurait aimé louer et défendre plus car l'initiative en vaut vraiment la peine. Mais pour quatre euros, ne faisons pas la fine bouche…

Dirty 4 records est disponible au Plakkebuttek beim Palais et au Sounds.

 

David André
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