Dimanche se clôturait le festival Aralunaires à Arlon, avec cette année, un seul lieu, à l’extérieur, le très joli parc de l’Université de Liège. Le temps étant de la partie, les spectateurs auraient presque pu se croire, le temps d’une soirée, au camping des Flots-Bleus avec tables et des bancs en bois bricolés, rondins de bois en guise de tabouret, un chapiteau coloré et une déco sobre mais efficace. On allait croiser une kiné fatiguée par quatre jours de festival, un directeur technique qui sommeille sur les flight cases encore fermées, des couples bobos branchés, des personnes tatouées de la tête aux pieds, une organisatrice d’ateliers de cuisine, un chef de gare bien connu des salles de concerts… mais aussi et surtout, des familles, venues notamment profiter, avec leurs enfants et dès le matin, du « Ouistiti Disco Club », sorte de boum improbable pour bambins.
Dans l’après-midi, les choses sérieuses commençaient vraiment avec Kuston Beater aux platines pour un set finalement très chill que l’intéressé avouera avoir changé trois fois dans la journée pour s’adapter à l’étrange personnage qui allait le suivre, je parle bien sûr de DJ Marcelle. DJ Marcelle, c’est le croisement improbable entre Jean-Luc Fonck de Sttellla… et Aphex Twin ! Débarquant sur le site comme si elle venait de tomber du lit, une pomme à la main, Marcelle a très rapidement mis tout le monde d’accord avec un set impressionnant de justesse et d’efficacité. Bravo m’dame !
Le soir venu, le groupe parisien Bryan’s Magic Tears déboule sur scène. On pense directement aux Stone Roses, à My Bloody Valentine ou encore Pavement ; bref, on retourne, l’espace de 45 minutes, dans les années 90. Et même si le groupe joue en regardant ses pieds, c’est carré, bien exécuté et assez trippant. Comme me l’avouera un spectateur par la suite : « Ça ne vendra pas des millions de disques mais ça a le mérite d’exister ». Bien vu !
Viendra ensuite la tête d’affiche de ce dimanche : le groupe Villejuif Underground, également basé à Paris et qui a la particularité d’avoir, dans ses rangs, un chanteur (et poète) d’origine australienne… Cela qui donne un petit côté sexy aux mots du garçon comme quand il raconte, avec une nonchalance assez drôle, qu’ils ont passé l’après-midi à l’Abbaye d’Orval... ou quand il avoue que « le gars à casquette devant la scène lui casse un peu les c******s ! » Musicalement, c’est souvent intéressant, parfois brouillon en mélangeant pas mal de styles (garage, rock, pop, indie,…). Une bonne façon de clôturer ce dimanche et ce festival.
Du côté de l’organisation, on était satisfait de cette édition un peu spéciale puisqu’initialement prévue plus tôt dans la saison et reportée, on sait pourquoi. Sébastien Cuvelier, programmateur fatigué mais heureux reconnaissait : « Faire le festival sur ce site était d’abord un défi logistique car l’endroit est finalement assez grand et que l’on sait bien que l’on n’attire pas non plus la même foule qu’à Bruxelles. Ici, c’est Arlon, une ville de 25.000 habitants ! Mais la grande chance que l’on a, c’est la confiance de nos spectateurs, qui achètent souvent leur pass sans même connaître la programmation. Ça nous fait vraiment plaisir ! Soyons réalistes, on ne sera jamais un grand festival avec des noms ronflants mais, finalement, on n’a pas forcément besoin de têtes d’affiche. Alors oui, il y a des années où les planètes s’alignent et ou l’on chope, pile au bon moment, une artiste comme Angèle ou un Girls in Hawaï… ou un Arno.» Il a raison, le Seb, son festival, au final, ressemble plus au Micro Festival de Bruxelles qu’au Rock-A-Field. Et on en vient même à se dire que les groupes proposés pourraient débarquer directement de Groningen et du festival Eurosonic, toujours basé sur les découvertes. Les découvertes, c’est vraiment « le » truc des Aralunaires et une tradition qui ne faiblit pas ; comme la veille avec le DJ set de folie du groupe Acid Arab ou encore le funk asiatique de Yin Yin, le vendredi ou encore l’Avant-Jazz de Echt !, le jeudi.
Côté spectateurs, enfin, on se montre ravi de pouvoir à nouveau vibrer aux sons de la musique, bien évidement. Et même si, comme nous l’avouera cette dame, « le Covid a quand même cassé quelque chose… », nous, on aurait plutôt tendance à dire qu’il faut prendre tout ce qu’on peut prendre en ce moment. Et advienne que pourra…