CD You're Never Sexy de Metro

Sexytonique

d'Lëtzebuerger Land du 19.02.2009

Une nappe de guitares aérées, une grosse caisse accompagnée d’une belle basse bien ronde, le tout ponctué d’un enthousiasmant « wooo ! » de la part du chanteur et guitariste, Olivier Treinen, et nous voilà à bord du nouveau Metro. Pas la peine de s’asseoir, le voyage ne sera que de courte durée et ne comportera que cinq haltes. Cinq haltes en forme de chansons taillées dans le roc(k) anglo-saxon, concises et dénuées de tout superflu. Le fond rejoint la forme, en somme. Parlons-en justement, de la forme. Pourquoi  n’avoir sorti qu’un EP cinq titres, alors que le « tubesque » She Went Under de l’année dernière, pouvait laisser présager l’album qui écrirait un nouveau chapitre dans l’histoire du rock luxo ? Il faut croire que changer le cours de l’histoire ne faisait pas partie des résolutions communes des membres de Metro. Est-ce le goût du challenge ?

Car faire un EP est un choix risqué, le choix limité des titres concentre forcément une plus grande attention aussi bien sur des musiciens que de la critique sur les cinq morceaux retenus pour ledit projet. Sortir vainqueur de cette affaire signifie, n’ayons pas peur des mots, faire un sans-faute, point barre. Mais peut-être que les quatre nouveaux titres que l’on découvre sur ce We’re Never Sexy étaient tout simplement les seuls que le producteur belge Rudy Coclet (dont le carnet semble, ces jours-ci, s’étoffer de numéros luxembourgeois) ait bien voulu mixer pour le groupe – soit les seuls en lesquels eux ont réellement cru. Quoi qu’il en soit, pour l’auditeur, toute politique interne quant à leur(s) raison(s), importera peu, ce dernier préférera savoir comment se boit le Metro dernier cru. 

Ce qu’on remarque d’emblée est la trame que s’offrent les quatre Luxem­bourgeois qui consiste en une base solide construite autours du jeu batterie/basse. Si les influences peuvent sembler multiples, elles ne transparaissent qu’en filigrane tout au long du voyage. Metro a voulu soigner les mélodies tout en avançant tête baissée sur son bolide rock péchu, emporté par un groove et un beat qui, s’ils ne provoquent pas le secouement de la tête, causeront du moins, au pied droit de battre la mesure. La voix d’Olivier Treinen, teintée d’intonations à la fois plaintive et lascive, se fait porte-parole de l’homme confus pour qui amour et sexe seraient interchangeables, ou comme dirait l’autre, « l’amour est vice ». 

À ce titre, Precious porte bien son nom. En tant que single potentiel, ce morceau accroche tout de suite par son intro à la ligne de basse aguicheuse. On s’imagine quelque part dans un bar, tard, les sens éveillés mais le geste lent et maladroit, scrutant les recoins à la recherche d’une élégante compagnie pour la fin de soirée. Si le flirt est encouragé, Metro rappelle aussi de lire la notice : ruptures sentimentales, incompréhensions, frustrations, manque d’amour (propre) sont tous des réalités que le groupe connaît et dont il connote ses chansons. Si on peut louer la qualité de composition du deuxième maxi You’re Never Sexy (tout un concept) et son arrangement électro sage en arrière-fond, la structure du texte avec ses répétitions a un effet redondant au bout de deux minutes. Par contre, avec A Straight Lie, on franchit un autre territoire, plus convenu avec un beat aux accents northern soul autour duquel s’enlacent les arpèges chauds et sinueux de synthé. Là où Precious invite à porter le cuir noir, A Straight Lie semble fulminer le penchant pop. À se demander si les rockeurs n’ont pas prévu une version rallongée du morceau lors de leurs prochains concerts, pour le chant en chœur, tout à la fin. 

Que dire de She Went Under ? Faut-il encore en parler ou bien Metro le considère-t-il déjà comme leur boulet ? Boulet qui, pourtant, a annoncé la nouvelle couleur, celle de l’attitude décomplexée d’une formation qui s’est décidée pour le rentre-dedans tout en faisant de la mélodie, son obsession. Dépouillé mais varié, et avant tout, tonique, We’re Never Sexy est le travail de quatre mélomanes dévoués et allergiques à la médiocrité. On les sentait capables d’exploser, eux ont préféré le teasing. Nettement plus sexy...

www.myspace.com/aboutmetro

 

William Shambuyi
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