CD Distant de Mack Murphy and the Inmates

Entre cellule et terre!

d'Lëtzebuerger Land du 18.01.2007

Distant. Tel se nomme la dernière livraison du combo Mack Murphy and the Inmates, sextet chevronné à plus d'un titre en provenance du sud du pays. Chevronné !? En effet, cet EP de cinq titres fait suite aux albums The Early Years (2003) et Summer's Cemetery Dawns (2004). D'autre part, ce gang compte quelques vieux bagnards (pour rester dans une terminologie de saine virilité) qui ont œuvré ou œuvrent encore pour les Skinflicks, d'Toxkäpp, Surf me up, Scotty! ou encore les Last Millenium Suckers, pour n'en citer que quelques-uns. Parmi eux, notons aussi quelques mines familières actives dans la scène théâtrale locale… Leur musique se nourrit d'influences telles que The Mission, Nick Cave and The Bad Seeds, Joy Division, Tom Waits, New Model Army, The Sisters of Mercy, The Pixies ou encore Interpol. Vous aurez compris que l'on tente de s'approcher d'une ambiance sombre et solennelle, entre chien et loup. Paru fin 2006, cet EP est serti d'une pochette d'un bleu très 2007 qui, en montrant instruments et flight cases, brame sa profession de foi : tout pour la musique ! Et Dieu seul sait combien ces bougres s'y sont investis – on sent des heures de travail passées à peaufiner l'ouvrage ! Cette déclaration d'intention semble parcourir tout le disque. Application et emphase font partie intégrante du bagage musical  déployé. La voix (Jérôme Reuter), caverneuse et théâtrale, n'évite pas toujours un certain cabotinage. Les musiciens sont appliqués, trop même ; engoncés par le souci de trop bien faire. Les bonnes idées (comme par exemple la très belle ligne de piano d'August ou la première partie ultra accrocheuse de Mine) sont étouffées, à certaines reprises, par des arrangements frisant, par moments, le balourd et le stérile. Le mixage et la post-production nous offrent un son clair et lisse qui, cependant, dessert quelque peu le propos musical, dans la mesure où une production quelque peu plus brumeuse aurait accentué le côté ténébreux recherché. Dommage, car malgré ces travers qui en auraient fusillé plus d'un, le résultat demeure, tout de même, assez plaisant, gagnant en familiarité et en force d'évocation à chaque écoute et allant même jusqu'à dégager un certain charme où se diffuse justement une espèce de romantisme noir (si, si !) et délétère. Avis aux amateurs ! Au final que reste-il ? Quinze minutes de midtempos appuyés et attachants qui ne gagnent pas, certes, par K.O., mais dont l'endurance et la bonne tenue finissent par s'infiltrer durablement dans le vortex !

L'EP Distant est disponible au Skateshop Olliewood, 19 rue des Capucins, Luxembourg ; pour plus d'informations : www.mackmurphyandtheinmates.com.

 

David André
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