CD Did you D:qliq 2 du D:qliq

Serial compiler

d'Lëtzebuerger Land du 03.07.2008

Le D:qliq persiste et signe ! Fêtant deux ans d’activité, ce bar à musique est le seul, à vrai dire, situé à Luxembourg. Ce soi-disant monopole aurait pu déboucher sur une certaine facilité dans la programmation et dans la démarche du lieu, n’ayant qu’à engranger les deniers des mélomanes en disette, sans trop se remuer les méninges. Mais il n’en est rien tant l’exigence, la passion et l’éclectisme des responsables ont su attirer des artistes locaux et internationaux dans ce lieu exigu (rappelons que la capacité est de 80 à 100 personnes) et néanmoins, non dénué de charme pour le plus grand plaisir des mêmes mélomanes. Une deuxième compilation intitulée Did you D:qliq 2 (instaurant par la même occasion, une loi des séries ?) vient, à point nommé, nous rappeler certains de ces bons moments passés durant l’année écoulée. Quant au consommateur lambda, il pourra se lover agréablement dans les choix du compilateur (Fred Baus, pour ne pas le nommer). 

La sélection se décline en un double album regroupant 36 morceaux. La première plaque décline plutôt le versant indiepop tantôt majestueuse ou folk tantôt intimiste ou sautillante tandis que la deuxième s’engouffre dans une voie majoritairement électronique mélodique ou ambient. Rappelant les doubles albums des 33 tours qui se dépliaient, la pochette en carton, sobrement et élégamment conçue par Christophe Peiffer alias Kuston Beater ou George(s), qui épaule graphiquement l’équipe du D:qliq, dévoile ainsi les deux faces noires et blanches de cette compilation, qui, comme de coutume, mélange habilement artistes locaux et internationaux.

Dans l’ensemble, l’agencement des morceaux est plutôt bien pensé, tel une setlist qui compte autant de montées que d’accalmies. À noter aussi, que les morceaux réellement inédits proviennent en grande partie d’artistes locaux. Évidemment, parmi 36 morceaux, chacun a de quoi trouver son bonheur et les moments faibles se comptent sur les doigts d’une main (Planetakis, Nicholson ou My Awesome Mixtape).

Par contre, parmi les multiples bons moments, citons les Français de Rhesus et leur New directions rappelant à notre bon souvenir les Pixies et l’album bleu de Weezer qui entament la compilation sur les chapeaux de roues. Mais aussi le très aérien Caldas de Khale (US) ; les très guillerets suédois de Blind Terry ; le crépus­culaire et funèbre My heart of glory de Belone Quartet (France) à l’orgue hantée ; la voix blanche et introvertie des Thee More Shallows (US) qui se dandine sur le lancinant et prenant Pre-present ; le très efficace Tell me when you go de Rue Royale élevé aux meilleurs Lemonheads ; le panoramique Home d’Immanu El, qui s’aventure au gré d’une guitare fortement réverbérée dans des sphères intiment ouatées. Cyclorama (Lux) nous propose un inédit spatial de fort bonne facture conviant un Mogwai qui aurait laissé ses guitares aux vestiaires ; le postrock très synthétisé des Américains d’Arms [&] Sleepers lance aussi une très belle salve d’émotions ; l’hommage réussi aux 80’s et autres synthés wavy du duo mixte et suisse Pure Ape ; le rap luxembourgeois relax et détendu sur fond jazzy de De Läb ; sans oublier le rentre-dedans et oppressant Poprocket girl de Fracture (Lux).

Au final, on a 145 minutes compilées sur deux doublons qui sont vendus au D:qliq pour le prix d’un simple CD, à savoir dix euros. Excellente initiative qui laisse espérer d’autres concerts coup de cœur dans ce sympathique endroit !

Pour plus de détails, allez sur www.dqliq.com.

David André
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