CD Disc-o-Take

La croisière s'amuse

d'Lëtzebuerger Land du 08.05.2003

Connaissez-vous quelque chose de plus ringard qu'une présentation power-point? Nous non-plus. Pour marquer le professionnalisme de l'entreprise, Jean Diederich, attaché de presse de Nylon Records, a pourtant opté pour une présentation power-point lors du dévoilement du CD Disc-o-Take, la première compilation à la Claude Challe (Bouddha Bar e.a.) produite au Luxembourg. Et, sauf que Disc-o-Take est nettement plus disco que les disques plus world et lounge de Challe, les produits se ressemblent dans leurs visées: compilations qui s'affirment commerciales, elles furent pensées avant tout comme environnements sonores dans un bar, un restaurant, un hôtel. 

L'équipe luxembourgeoise s'est constituée autour du roi de la nuit Ed Sauer, fondateur du Bogart's boulevard d'Avranches, qui devint, en 1986, toujours sous Ed Sauer et associés, le mythique Casablanca, la boîte qui, aujourd'hui, après changement de propriétaire, s'appelle Pulp. Ed Sauer, lui, exploite, toujours avec son ami Roger Hertz, le Cat Club, restaurant et club des plus branchés, rue de l'Aciérie à Luxembourg. Ed Sauer étant un vrai fêtard, un noctambule qui sait organiser de vrais, grandes fêtes, il est forcément devenu fan de musique - la musique disco, écoutée et admirée dès l'âge de douze, treize ans, restant visiblement sa grande favorite.

Pour mixer la musique de ses fêtes ou dans ses clubs, Ed Sauer a vite choisi un pseudonyme: Ed Savage, et c'est sous ce nom qu'il a mixé un des deux albums de Disc-o-Take, un album très nostalgique - il s'ouvre sur la version d'Orbient de la mélodie d'Old Shatterhand, idole très vingtième siècle des petits garçons, puis on y rencontre Grace Jones, Marvin Gaye et même Barry White, autant d'icônes d'une culture de clubbing révolue. D'ailleurs Ed Savage écrit lui-même sur la pochette: «'Disc-o-Take' has been part of my life for more than 25 years...» Sa compilation est très calme, très «easy listening», aux réminiscences des années 1970, un peu ambiance La croisière s'amuse et autres séries TV insouciantes et bon enfant. À écouter en roulant en voiture ou en dînant ou prenant un pot avec des amis.

Le deuxième disque est celui de Jérôme, resident deejay au Pêché, nettement plus disco-house, plus dansant encore. Phénomène intéressant: étant d'une génération plus jeune qu'Ed Savage, Jérôme a choisi des titres qui sont eux-mêmes déjà des remix de titres disco - le Last night a deejay blew my mind de Fab For en est l'exemple le plus marquant. 

Mixé dans un club afin de capter un maximum d'ambiance, Disc-o-Take est le premier grand projet de Nylon Records, société créée en 1993. Avec ce disque, elle vise carrément le marché international, ayant conclu des accords de distribution avec amazon.fr et musicmail.de et installé un section e-commerce sur son site Internet. C'est le côté direct du projet: il n'affirme jamais être un disque de création mais une compilation subjective de deux deejays qui aiment s'amuser et faire la fête. Toutefois, les morceaux se suivent assez banalement, les enchaînements sont très rares, à tel point que l'on se demande souvent si cela est encore possible après les délirants 2 Many DJs et leur incroyable créativité dans le mixage.

Mais c'est probablement être injuste envers Disc-o-Take qui, de par le look de la pochette et de tout le merchandising, dit exactement de quoi il s'agit: un univers où des femmes aux longues jambes portent des costumes en latex noir faisant très cheap et où des spots colorés symbolisent l'ambiance des fêtes disco des années 1970. C'est honnête: le produit correspond exactement à son image et donc à son ambition.

 

Le double CD Disc-o-Take dure deux fois 75 minutes et est en vente chez tous les disquaires au prix de 29 euros ou directement sur Internet.

 

 

 

 

josée hansen
© 2024 d’Lëtzebuerger Land