CD This is aerial space-rock, keep your hair on! de Cyclorama

À vos moumoutes !

d'Lëtzebuerger Land du 25.03.2010

« This is aerial space-rock, keep your hair on !! » Cri de guerre ou profession de foi, en tout cas, le titre du nouvel opus de Cyclorama annonce la couleur, cash et sans ambages ! Après un premier album, Meeting planets, où Sébastien Laas, l’homme orchestre derrière Cyclorama, prenait ses repères avec une électronique teintée de psychédélisme, cette deuxième plaque le voit définitivement prendre son envol.

Toujours prompt à laisser ses instruments parler à sa place, l’album égrène onze facettes d’une version personnelle d’un psychédélisme moderne et urbain. Certes, les influences se décèlent assez facilement. Beaucoup de shoegazing à la My Bloody Valentine voire Slowdive, saupoudrée d’un intimisme que ne renierait pas Mogwai, vous ajoutez à cela des entrelacs de guitares réverbérées lorgnant vers Durutti Culumn ainsi qu’un sens du groove en droite ligne du space-rock briton 70’s version Hawkwind ou Pink Fairies, relifté au Primal Scream. Sans oublier, quelques maniérismes électroniques hérités des Chemical Brothers première période (leur meilleure…). Cependant, ces références ont été bien assimilées de sorte que les compositions dégagent assez de personnalité propre, sans se départir de l’un ou l’autre clin d’œil.

Dès les premières mesures de Rock’n roll dogma entérinées par un cithare insistant et un beat de batterie basique, on se retrouve la tête dans les étoiles. Les rythmes s’étoffent peu à peu ainsi que les textures de guitares riches en réverbérations et autres larsens aussi filandreux que des trajectoires d’étoiles filantes. Puis, le très beau et posé I shot an arrow into the air suit une trajectoire plus contemplative soutenue par un sample vocal d’une comptine au charme suranné. Changement de cap, avec Grey [&] green (like your eyes), qui, catapulté par des vagues de guitares distordues, place des beats implacables, pour un résultat pas très éloigné de ce que faisait Curve, d’ailleurs il n’y manque que la voix de Toni Halliday. Les déferlantes de guitares construisent méthodiquement un maelström, qui laisse cependant entrevoir quelques mélodies impalpables et autres chimères soniques. Stolen bikes may ride faster creuse un sillon similaire, avec une base plus rock, soulignée par le fuzz de la basse et un rythme binaire.

Commençant par une nappe d’orgue, Behind the door, the ocean alterne magma de guitares et vocaux psalmodiés et samplés, avec un chorus peu avare en portamenti (glissement de notes), carac-téristiques du shoegazing. Porté par un rythme presque funky, Telescopic mind erre un peu sans but, révélant vite ses faiblesses. Passé ce bouche-trou un peu inutile, on retrouve un très bon niveau avec Reveries, où l’entend la voix de slacker magnifique de Philippe Dupong, des Grizzly [&] the Duck of Death, pour un résultat pro-prement poignant, qui évoque une rencontre entre Ride et Ian McCulloch des Echo [&] the Bunnymen. Suit une autre perle, avec l’onirique The empty place, qui maintient sa fragilité toute en glockenspiels tout au long des quatre minutes. Passons sur Until morning, long interlude un peu vain, avant de se jeter sur le bien nommé Tornado, petit passage en revue des préceptes du space-rock, tout en mouvements cycliques tel que le pratiquait Kinski. Dubgaze four clôt le voyage stellaire par un alunissage tout en douceur, faisant la part belle aux sonorités issues d’un vieux Mini-moog (le synthétiseur analogique par excellence) sur une basse dub faussement nonchalante face à un lit de guitares. Paru sur Schnur­strax Records, ce This is aerial space-rock, keep your hair on dévoile, avec conviction, l’univers singulier, parfois monolithique de Cyclorama, laissant apparaître des talents d’arrangeur hors pair.

Pour plus d’informations : www.myspace.com/cyclo-tunes, www.myspace.com/schnurstrax, http://introstrx.blogspot.com.
David André
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