Malgré l’envergure de la croissance de l’économie au Grand-Duché par rapport aux autres pays de la zone euro, ce développement dépend principalement de la croissance de la place financière. Afin d’éviter une dépendance trop importante, le Luxembourg a la ferme intention de créer de nouvelles activités porteuses de perspectives d’avenir.
Le potentiel de développement du secteur logistique étant clairement reconnu, le ministre de l’Économie Jeannot Krecké a annoncé son plan d’action dès le mois de mai dernier. Six mois plus tard et 18 mois depuis le dépôt de l’étude de PricewaterhouseCoopers1 en juillet 2005 au ministère de l’Économie et du Commerce extérieur, il était intéressant de faire le point sur l’évolution de la situation.
Voisin direct de la Belgique, qui selon l’étude 2006 de Cushman [&] Wakefield la place toujours en tête du classement des pays européens comme pays de choix pour la localisation de hubs de distribution logistique ou entrepôts de stockage, les atouts du Luxembourg s’avèrent toujours mal connus des professionnels. La qualité des infrastructures de transport et aéroportuaires luxembourgeoises, la coopération des administrations et la présence d’un centre de compétences lié aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, favorisent le développement des activités logistiques à haute valeur ajoutée mais restent à ce jour encore trop souvent dans l’ombre.
En effet, on n’associe généralement pas le Luxembourg aux activités logistiques. Le secteur a globalement une mauvaise image véhiculée par une offre de terrains et immobilière inadéquate, des structures de formation insatisfaisantes ainsi que par une représentation et animation insuffisante. Cependant, une certaine évolution dans ce domaine se fait sentir. Pendant l’année 2006, plusieurs initiatives ont été entreprises par le gouvernement et la Confédération luxembourgeoise du commerce afin de développer l’activité logistique luxembourgeoise. Parmi les initiatives de vulgarisation figure par exemple le débat grand public sur le sujet de la logistique qui s’est tenu dans le centre commercial Belle Étoile en septembre dernier en présence du ministre Jeannot Krecké. De telles initiatives sont utiles et importantes car elles permettent d’élargir le débat auprès de tous les acteurs impliqués dans le fonctionnement du secteur logistique et à ces derniers d’être mieux informés afin de profiter directement ou indirectement du développement de ce secteur.
Autre événement d’importance a été la conférence logistique du 26 septembre 2006 à LuxExpo regroupant les professionnels du secteur. Lors de cette demi-journée, les tendances d’évolution du secteur et plus impérativement l’importance de rallier les compétences des acteurs logistiques présents au Grand-Duché ont été mises en évidence. Il est en effet primordial de fédérer l’ensemble des professionnels qui peuvent contribuer au développement de la logistique à savoir les assureurs, financiers, intégrateurs, transporteurs, services logistiques à valeur ajoutée, entreposeurs, consultants, représentants du secteur des technologies de l’information et de la communication…
D’où la nécessité impérative de créer un comité de pilotage spécifique qui aurait pour fonction de stimuler la collaboration entre les acteurs, de les orienter et de les dynamiser. Outre l’extension du Cargo Center de Findel, le gouvernement a dédié à ce jour deux grandes zones pour le développement des activités logistiques, l’une à Contern et l’autre à Bettembourg/WSA selon un plan de réaffectation adapté.
Comme exemple de nouvelles activités sur ces sites, on peut citer l’initiative du groupe DHL. Fin 2005, ce groupe a décidé de regrouper toutes ses activités logistiques dans un nouveau bâtiment dans la zone industrielle de Contern, employant environ 150 salariés sur le site. Ce site a l’avantage d’être positionné à quatre kilomètres de l’aéroport international du Findel, à cinq kilomètres du centre ville de Luxembourg, à 20 kilomètres de la frontière française et à peine plus loin des frontières allemandes et belges. Cette situation en fait une localisation privilégiée, d’autant qu’il bénéficie de bonnes connexions ferroviaires et routières.
Un autre cas de figure est l’ouverture du centre de tri de l’entreprise des P[&]T fin septembre 2006 à Bettembourg / Dudelange à la place du laminoir de Dudelange et des activités de WSA. Sur ce site, le centre de tri est doté de la dernière génération d’équipement de tri pour réorganiser l’intégralité de la distribution postale.
Cependant la demande en terrain et en structure immobilière adéquate reste très importante et les solutions existantes ne parviennent pas à satisfaire la demande.
Pour répondre à la demande des entreprises confrontées au problème de recrutement en personnel qualifié, un nouveau cursus de formation de « Gestionnaire qualifié en logistique » a été lancé en septembre 2006. Cet enseignement est axé sur la maîtrise des outils informatiques et de communication, sur l’apprentissage des normes de sécurité, de qualité et d’environnement liées aux activités logistiques sans oublier les tâches afférant à la réception, au contrôle et au stockage de marchandises. La formation se déroule sur une du- rée de trois ans, répartie en deux jours d’enseignement par semaine au Lycée technique de Bonnevoie et trois jours par semaine prestés dans l’entreprise.
D’autres projets suivent cette initiative comme celui proposé par le CRP Henri Tudor qui organise jusqu’en début 2007 pour les professionnels du secteur quatre séances de travail gratuites sur l’avenir du métier de manager logistique notamment au sein des PME.
On ne peut que se réjouir de cette évolution essentielle pour le développement des activités logistiques au Luxembourg. En revanche, une collaboration plus étroite entre les instituts de formation luxembourgeois et d’autres organismes d’enseignement dans la grande région proposant une formation similaire ou complémentaire, permettrait d’atteindre un public encore plus large. En conclusion, on s’aperçoit que la volatilité et la mobilité des activités logistiques obligent les gouvernements à créer un cadre attractif et à valoriser activement les avantages concurrentiels du Luxembourg. Mais cette démarche nécessite également la collaboration des communes afin de ne pas se limiter aux seules deux conditions principales précitées pour permettre au secteur de devenir un pilier essentiel de l’économie grand-ducale.
Dans un souci de poursuivre ce développement, il est primordial de fixer des objectifs réalisables tout en évitant les déclarations d’intention. Nous nous trouvons à présent à un moment clé de la transformation du secteur qui nécessite la collaboration de tous afin de mettre en vitrine l’ensemble des avantages du Grand-Duché et d’attirer ainsi de nouvelles sociétés au Luxembourg.
1European distribution Report 2006 : www.cushmanwakefield.com