Tom Gloesener

Text as Form

d'Lëtzebuerger Land du 30.09.1999

Whizz Kid l'avait appelé le Evening News, journal local des alentours de Norwich, GB. Quand il parle de design, de mise en page, de PAO, de typographie, du graphisme d'une lettre ou de l'évolution du dessin exact d'un « C » ou d'un « A » entre deux polices de caractères, il a l'oeil qui pétille, un grand sourire aux lèvres. Le nouveau design du Land, c'est lui. Tom Gloesener, 23 ans, est sorti premier de sa promotion à la Norwich School of Art and Design, cet été. Il avait impressionné son monde, non seulement parce que son projet de re-design d'un journal était le plus ambitieux du groupe, mais en plus, il était le seul à avoir réalisé son travail d'école.

Le Land, il l'a connu par son abonné de père. Forcément, le look datant de la création du journal en 1954 et peu changé depuis lui paraissait un peu vieillot. Avec l'inébranlable optimisme et une bonne dose de confiance en soi qui sont les siens, il nous contacta, il y a un an, au début simplement pour faire un exercice théorique. Mais ses idées résolument contemporaines, ses ma- quettes épurées et sobres, le blanc si zen et généreux nous enthousiasmèrent au point que la rédaction décida de réaliser le projet. La suite, vous la connaissez. 

Quand Tom Gloesener regarde une page de journal lors de la production à l'imprimerie, il ne voit qu'une forme, qu'une alchimie entre la taille de la titraille, le rythme des paragraphes, le format et les motifs des photos, l'équilibre entre l'espace du texte et le blanc. Au point que cela en devient vexant pour l'auteur du texte.

Le jeu avec deux polices de caractères (Baskerville et Frutiger) et deux trames - l'une sur cinq colonnes, l'autre sur trois -, l'utilisation de grandes photos (Tom adore celles de notre photographe Martin Linster), les pages panoramiques aux lignes horizontales, l'utilisation de grisés dans les textes...  autant d'éléments qui contribuent à cette image nouvelle, beaucoup plus dynamique de notre journal.

Ensemble avec son ami de lycée Silvano Vidale - les deux se sont connus au Lycée technique des Arts et métiers, section artistique, pour ensuite s'inscrire tous les deux à Norwich - Tom Gloesener est en train de s'établir à son compte. Ils viennent de fonder une sàrl qui porte leurs patronymes.

Tom n'a pas froid aux yeux, n'a pas peur d'accoster les clients potentiels dans les bars branchés down-town. Et il n'y va pas par le dos de la cuillère, est plutôt rentre-dedans. Il est vrai que sont book de « jeune qui en veut » est impressionnant. Le design des hélicoptères d'Air Rescue, les bus de Sales-Lentz, c'étaient lui et Silvano, en douzième et treizième au lycée. Ses idoles, bien sûr, ce sont des typographes et des graphistes : David Hillman par exemple, un de ses maîtres de conférence à Norwich, qui l'a conseillé durant de nombreux repas à Londres, l'encourageant à ne pas trop s'inspirer d'autres journaux mais d'inventer son propre style. Ou encore son professeur-tuteur Gerry Downes et Gordon Beckett, directeur artistique du Sunday Times. 

Ce dont il est le plus fier dans la nouvelle maquette du Land ? Les généreux blancs bien sûr, quel graphiste ne le serait pas. Mais Tom citera aussi le logo modernisé et mieux défini par un cadre, le titre du journal, de petits détails fignolés. 

La prochaine étape de notre collaboration, ce sera le Land virtuel (www.land.lu), qui sera lancé dans les prochaines semaines. Le temps que Tom Gloesener et Silvano Vidale décident de l'emplacement du blanc.

josée hansen
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