Banque Triodos

La couleur de l’épargne éthique

d'Lëtzebuerger Land du 09.12.2011

La Banque Triodos, spécialisée dans l’épargne et le crédit durables, constate une hausse de ses ouvertures de comptes. Les crises financières à répétition font prendre conscience aux citoyens qu’ils peuvent faire des choix éthiques dans la manière qu’ils ont de mieux placer leurs actifs. Et qu’il n’appartient qu’à eux d’être fiers de leur épargne.

Au fait, que font les banques de l’épargne que nous leur confions ? Cette question, la banque belge Triodos l’a posée dernièrement à plus d’un millier d’épargnants belges. Avec des résultats assez surprenants. « La moitié des répondants, seulement, sait que son épargne ne reste pas dans les coffres de la banque », explique Paul Gérard, responsable de la communication de la banque. « Quatre personnes sur cinq ignorent si leur épargne sert ou non à financer l’industrie de l’armement. Deux sur trois ne savent pas non plus si leur argent est investi en bourse. Au final, l’épargnant ignore le plus souvent ce que sa banque fait de son argent. Le manque de connaissance et d’informations en la matière est manifeste. »

Par son offre et son positionnement, la Banque Triodos veut quant à elle se différencier et montrer qu’il est possible d’épargner autrement.

Dans notre société, les concepts de développement durable sont désormais présents à tous les niveaux. Il n’y a pas de raison que l’épargne ne soit pas concernée. Les crises qui ont secoué l’ensemble du secteur financier, et les banques en particulier, ont amené une certaine frange de la masse des épargnants à y réfléchir. « Aujourd’hui, un nombre toujours plus important de citoyens désire consommer autrement, de manière plus responsable, en veillant à l’impact environnemental mais aussi à la qualité. Ces citoyens cherchent et attendent autre chose. Cette lame de fond se traduit aussi au niveau de l’épargne, et se manifeste davantage encore quand le secteur bancaire classique révèle des failles », souligne Paul Gérard.

Dans ce contexte, la Banque Triodos garantit à ses clients que l’argent de leur épargne servira à financer des projets durables, aux niveaux de l’environnement, de la culture, de la santé ou de l’économie sociale. « Pour bénéficier d’un crédit auprès de la Banque Triodos, un projet devra répondre à un certain nombre de critères financiers bien sûr, mais aussi de développement durable », poursuit Paul Gérard. « Nous pensons, en effet, que le développement durable est aujourd’hui un vecteur important de croissance utile dans notre économie. Énergies renouvelables, filière bio, immobilier basse énergie, maisons de repos de qualité, économie sociale, etc. Tous ces secteurs créent notamment de l’emploi pas ou peu délocalisable, tout en travaillant à une augmentation de la qualité de vie. »

La banque investit aussi et offre la possibilité d’investir dans des SICAV durables, distribuées au Luxembourg.

L’institution, par son positionnement, veut donner aux clients la possibilité de choisir comment épargner. Le discours « durable », dans l’air du temps, faisant son chemin, les citoyens prennent conscience de l’opportunité qu’ils ont de pouvoir bousculer un certain ordre établi en épargnant autrement. « Lorsqu’une crise bancaire éclate comme ce fut le cas en octobre dernier, on constate au sein de Triodos une hausse des ouvertures de compte. Les demandes d’information augmentent aussi », poursuit le porte-parole. En temps normal, la Banque Triodos ouvre en Belgique quelque 500 nouveaux comptes épargne par mois. « Depuis octobre, c’est le double », précise Paul Gérard. « L’ouverture effective d’un compte est souvent l’aboutissement d’une réflexion. Il n’y a dans l’esprit des gens jamais vraiment d’urgence à changer de banque. Mais les crises qui touchent le secteur bancaire constituent un déclencheur, une réelle occasion de franchir le pas. » À travers ces crises, et les risques qu’elles mettent en évidence, les épargnants voient donc de réelles raisons de changer de banque. Elles les amènent à entamer une réflexion sur la manière que chacun a d’épargner, à se poser la question de la meilleure manière de gérer son argent.

Dans un climat financier plus que morose, la Banque Triodos performe. Depuis 2006, ses indicateurs sont au vert, les courbes croissent, tant au niveau des actifs sous gestion que des crédits accordés. Entre 2008 et 2010, le total du bilan du groupe – actif en Belgique, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en Espagne et en Allemagne – est passé de 2,3 milliards d’euros à près de 3,5 milliards d’euros. Les crédits octroyés à des projets durables de 1,27 milliard d’euros à 2,1 milliards d’euros.

En matière d’épargne, comme l’a prouvé l’étude menée par la banque, les citoyens ont aussi besoin d’une meilleure information. En étant mieux informé, l’épargnant gère son argent de manière plus active, en prenant en compte l’importance de son épargne dans le développement d’une société plus durable. Consciente de ces besoins d’information et de transparence, la Banque Triodos permet à ses clients de suivre leur épargne à la trace, en présentant sur son site web les projets qu’elle finance grâce à cet argent. Le client peut donc voir de manière détaillée les initiatives durables mises en œuvre près de chez lui grâce à son argent. « Les citoyens se rendent ainsi compte que leur argent permet de concrétiser des projets utiles et positifs, très concrets, de soutenir des initiatives ou des entreprises qui apportent une plus-value écologique, sociale ou culturelle », explique Paul Gérard. « Si bien que nos clients se disent souvent fiers d’épargner chez nous. »

Mais le critère de gestion durable de l’épargne n’est pas le seul facteur de choix d’un épargnant pour une banque, même s’il gagne en importance. Les taux de rendement, bien évidemment, pèsent dans la balance. Alors, rentable l’épargne durable ? « C’est évidemment une question importante pour tout un chacun », poursuit le porte-parole. « Notre politique en la matière est d’être conforme à l’offre moyenne du marché. Mais nous ne menons pas de campagnes agressives pour figurer parmi les meilleures offres du moment. Nous ne voulons pas entrer dans une logique de compétition à ce niveau. Dans la pratique, nous nous alignons sur les taux des offres classiques des grandes banques. »

Sébastien Lambotte
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