Fusion Cegedel, Soteg et SaarFerngas

En attendant l’AGO

d'Lëtzebuerger Land vom 17.04.2008

Qui au gouvernement gère désormais le projet de fusion de Cegedel avec Soteg et Saar Ferngas ? La responsabilité du dossier semble se déplacer de Jeannot Krecké, le ministre LSAP de l’Économie et du Commerce extérieur vers le Premier ministre Jean-Claude Juncker en personne, avec des positions qui ne sont pas forcément iden­tiques de deux côtés. Le gouvernement prend par ailleurs très au sérieux les grincements de dents des actionnaires minoritaires de Cegedel qui doutent des synergies promises d’une fusion à trois partenaires. 

On ne sait toujours pas grand chose en tout cas sur les avancées des discussions entre Cegedel, Soteg et Saar Ferngas, si ce n’est qu’elles se poursuivent et que les valorisations respectives des différentes entités à fusionner devraient en principe être achevées (d'Land, 14.03.2008). Le communiqué de presse de Cegedel de la semaine dernière, annonçant les résultats 2007 du groupe énergétique, s’est contenté encore une fois du minimum syndical en rappelant que des discussions étaient en cours, sans autre précision. Les dirigeants briseront-ils le silence lors de l’assemblée générale ordinaire du 13 mai ? Nul doute en tout cas qu’ils devront affronter le feu des questions des actionnaires minoritaires, qui se sentent actuellement totalement hors jeu.

La société Déminor, qui détient des titres Cegedel, n’attend pas le passage du train ni l’annonce officielle de l’offre pour se caler dans les starting blocks. Fin février ses deux principaux dirigeants saisissaient le président du conseil d’administration ainsi que le directeur général de Cegedel pour se faire rassurer sur l’intérêt d’un rapprochement avec Soteg et Saar Ferngas. 

C’est désormais au Premier ministre qu’ils s’adressent dans une lettre expédiée cette semaine pour lui faire part de leurs préoccupations et s’in­quiéter aussi du déficit d’information et de transparence qui émaille le dossier Cegedel. Tous les actionnaires de cette société cotée se trouvent-ils dans des conditions identiques comme le prétend le conseil d’ad­ministration de Cegedel ? Déminor entretient quel­ques doute à cet égard, redoutant l’in­fluence significative que le groupe sidérurgique ArcelorMittal (actionnaire direct de Soteg à hauteur de vingt pour cent et détenant 76,9 pour cent de Saar Ferngas) pourrait avoir dans la nouvelle structure, si le partenariat à trois était définitivement retenu. 

La crainte des minoritaires de Cegedel étant qu’avec sa force de frappe, le sidérurgiste pousse une solution plutôt qu’une autre dans son seul intérêt, au mépris de considérations stratégiques ou industrielles. Le secret qui entoure les discussions n’est d’ailleurs pas de nature à apaiser leurs craintes. Une petite dose de transparence dans ce dossier constituerait à leurs yeux une certaine garantie de neutralité. 

Y a-t-il d’ailleurs une alternative à un rapprochement avec Saar-ferngas ? Les minoritaires demandent que pour le moins, les pistes soient explorées et appréciées de manière objective et indépendante selon des critères de nature purement industriels, stratégiques et financiers et surtout que le choix final se fasse sans que les uns tiennent le couteau sous la gorge des autres. Déminor reconnaît le caractère « majeur » du projet de rapprochement pour le Luxembourg et son avenir énergétique. Mais ces considérations justifieraient-elles que les intérêts des actionnaires minoritaires soient sacrifiés. Jean-Claude Juncker est prié de mettre tout son poids dans les discussions en cours pour veiller aux intérêts de Cegedel et de l’ensemble de ses actionnaires.

Véronique Poujol
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