Lancement de la campagne à Luxembourg-Ville

1,2, 3, go !

d'Lëtzebuerger Land du 13.01.2005

Elle devait être officiellement intronisée tête de liste ce lundi. Le parti démocratique l'a désignée vendredi dernier, la Jeunesse démocrate et libérale, impatiente, avait déjà envoyé un communiqué de presse (daté au 10 décembre 2004...) dans la nuit de dimanche à lundi dans lequel elle «encourage Madame Lydie Polfer à poser sa candidature comme tête de liste aux élections communales et déclare soutenir activement une telle candidature». Puis la Grande-Duchesse Joséphine-Charlotte et morte, un deuil national d'une semaine a été déclaré et, dans l'après-midi de lundi, le parti démocratique annonça qu'il «a décidé de reporter la nomination de la tête de liste (...) à une date ultérieure.» Le DP est nerveux, très nerveux. L'actuel maire libéral Paul Helminger - auquel le parti reproche son «activisme» et une mauvaise communication autour de l'introduction parking résidentiel - a été plus ou moins discrètement poussé vers la porte et a annoncé qu'il n'était pas candidat à sa succession en décembre déjà (d'Land 51/04). Il n'est pas sûr que cela ait été la meilleure des idées du parti, car depuis lors, Paul Helminger porte comme une aura de martyre et, paradoxalement, attire beaucoup de sympathies. De nombreux de citadins, surtout des commerçants, lui reconnaissent le mérite «d'avoir au moins fait bouger les choses». Mais voilà, le poste de bourgmestre de la capitale est, à côté du siège européen, un des derniers mandats d'importance qui restent au DP, depuis son échec cuisant aux élections législatives de juin 2004. Donc il entend le défendre bec et ongles. Depuis les élections communales de 1963, le DP n'a fait que gagner en voix à Luxembourg, de 23 à 39 pour cent - avec toutefois un petit ralentissement en 1993. Et le CSV a fait le mouvement inverse, de 33 à 22 pour cent. «Trente ans de la même coalition, cela suffit ! estime François Bausch des Verts. Les gens doivent comprendre qu'il ne peut y avoir de véritable renouveau en Ville que si la constellation politique change radicalement.» Depuis que le CSV a nommé Laurent Mosar tête de liste de son parti en été 2004 déjà - pour qu'il abandonne l'idée de devenir ministre, malgré son très bon résultat -, c'est la panique au Knuedler. Car le CSV a fait de très bons scores aux législatives dans la circonscription Centre, notamment grâce aux scrutins de liste. Le DP compte donc contrecarrer la désertion des électeurs en misant sur les voix personnelles - donc une liste de poids lourds recueillant avant tout des sympathies personnelles. Le symbole de cette stratégie est Xavier Bëttel, jeune requin du DP Centre, qui, visiblement voit son heure venue et veut au moins devenir échevin en octobre. Il est sur tous les fronts, est à tu et à toi avec tous les commerçants de la capitale, on ne peut plus allumer la télévision sans le voir : en interview sur RTL Tele Lëtzebuerg, dans le .dok-Show de Maurice Molitor, animant une émission de télévision sur T.TV., voire même en tant que collaborateur régulier de L'investigateur TV de Jean Nicolas. Face à cela, le Verts restent zen. Le 23 avril aura lieu le congrès national du parti lors duquel les priorités nationales pour les élections communales seront arrêtées. Ce n'est qu'après cette date que les listes et le programme pour la capitale seront publiés, le parti voulant concentrer sa campagne sur une période très brève d'un mois, après les vacances scolaires. Tout indique toutefois que François Bausch et Viviane Loschetter, actuellement conseillers communaux aussi, seront les têtes de listes conjointes pour la capitale, comme déjà pour les législatives. Le parti a clairement le vent en poupe, les derniers sondages Tageblatt/Ilres, publiés le 17 décembre dernier, confirment cette tendance des législatives, avec même un plus de presque trois pour cent au Centre. Reste la grande inconnue du LSAP, qui, comme les Verts, joue la carte du renouveau. Or, il entre affaibli dans cette campagne, comme ses poids lourds à lui - Jeannot Krecké, Robert Goebbels, Mady Delvaux - sont devenus soit ministres, soit députés européens. De toute façon, les socialistes n'ont jamais réussi à enrayer leur chute libre depuis 1963, lorsqu'ils avaient encore 37,6 pour cent des voix - contre 19,3 pour cent en 1999. Marc Angel, l'actuel président du groupe socialiste au Knuedler, semble être le seul candidat (sérieux) pour devenir tête de liste. Un séminaire en février doit arrêter le programme, la liste sera présentée en mars, mais les Stater Sozialisten se sont déjà dotés d'un nouveau comité, sous la présidence de Martine Reicherts. Le rajeunissement, qui se fait ici par la force des choses, pourrait aussi être une chance pour le LSAP, s'il arrivait à le valoriser dans sa communication. Les communales du 9 octobre semblent complètement ouvertes cette fois-ci, tout semble possible. Paul Helminger a mis sur les rails une modernisation de la capitale, les concours d'idées pour l'urbanisation des quartiers délaissés et les travaux sur le plan de développement sont assez avancés pour avoir donné une idée de ce que pourrait être une capitale moderne. Si elle osait.

josée hansen
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